Ceux qui m’échappent
Ceux qui m’emballent.
comme une mouette apporte l’iode à mon souffle
comme toi qui apporte l’ivresse des profondeurs
à mes dépends, de mon fait, sur mon dos
tu t’y tailles un pique nique
j’ai perdu la limite de mon respect,
de mes amours.
Où suis-je ? Qui suis-je ?
lorsque je ne suis plus noyée en toi.
est ce que j’existe seulement?
plus de force.
je navigue à vue dans cette mer grise,
Alexandrie est morte et son phare gise.
le port englouti comme un poême,
je me langui, en appelant les sirènes.
un temps viendra pour la renaissance,
joie, vie, à s’en éclater la panse !
là, à contre courant dans la brume,
je sombre comme une enclume.
Je bats mes tempes, écorchée par les larmes,
me voilà sur la brèche, happée par mon âme.
fragile comme du verre de Venise
je me sens m’effondrer sous la bise.
Toi, ma mère, je te prends à témoin
je te haïs, te méprise, te visite de loin
honte à toi, mère qui ne m’aime pas !
ou mieux encore, qui t’aime à travers moi !
m’aurais tu enseigné le respect de soi
j’aurais pu vivre libre, ou du moins vivre moi.
regret qui te ronge, vile peinture sur un visage roi.
serais je reine, Isis, un jour en mon royaume ?
serais guerrière, couronnée de son heaume ?
amante des étoiles au corps de son homme?
dame au tambour, tempête rugissante qui tonne ?
Mère puissante guéri ce qui hante, panse la béance.
dans ta respiration je vis,
dans ton coeur je guéri.
Je m’agenouille au pied de mon frère le Pin
j’écoute l’eau qu’il appelle, la pluie, la vague, l’eau de vie.
L’esprit du Pin, Frère.
J’écoute la Pie qui toujours me suis.
Je me couche, m’accroupi.
Tout se tait, se ralenti, je vis enfin à mon rythme. Seule. Je vis. La terre bat dans mon ventre, dans mon coeur, les étoiles de mes yeux se rallument, les rêves viennent me visiter.
Perdue
lorsque je te quitte, nature, je me quitte.
pourtant je m’invoque, faiblement, de revenir habiter ce corps vide.
je suis bloquée dans cette nuit noire de l’âme. Encore. ça colle comme de la résine de Pin. pourtant lui s’élève haut malgré le mistral.
merci pour le facile, merci pour le complexe.
j’apprends à mes dépends qu’on ne se perd pas impunément.
Celle qui pèse la Vérité y veille.